Scope 1 2 3 : quels sont les périmètres d’un bilan carbone?
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avril 10, 2025
Résumé
Dans un monde confronté à de nouveaux défis climatiques, le bilan carbone est crucial pour quantifier les émissions de gaz à effet de serre des organisations. Découvrez le Scope 1 2 3, qui englobent différentes catégories d'émissions. Chaque Scope présente des méthodes de calcul spécifiques, du plus facile au plus complexe.
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INDEX
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Les scope 1 2 3 qu'est-ce que c'est?
Avec les nouveaux enjeux climatiques, un bilan carbone, permettant de quantifier les émissions de gaz à effet de serre (GES) d’une organisation, devient une précieuse source d’informations. Les “Scope 1, 2 et 3” représentent les trois périmètres clés de ce bilan, chacun englobant différentes catégories d’émissions de CO2 et de GES.
Découvrez tout ce que vous devez savoir sur ces différents périmètres, leurs enjeux et leurs méthodes de calcul dans cet article.

Scope 1 2 3 : définition & catégories
Le bilan carbone vise à mesurer les émissions de gaz à effet de serre (GES) générées directement ou indirectement par une activité, qu'elle soit menée par une entreprise, une administration ou toute autre organisation. Cette approche vise à fournir une vue d'ensemble de l'impact climatique d'une entité. Le bilan carbone s'articule autour de trois périmètres d'émission, appelés "Scopes". Chaque périmètre a sa propre complexité et ses propres défis, tant en termes de mesures que de réductions d'émissions.
🏢 Scope 1 – Les émissions directes
Le Scope 1 englobe toutes les émissions directes générées par une organisation à partir de sources qu’elle possède ou contrôle. Ce scope inclut la combustion de carburants dans ses installations industrielles, les émissions produites par sa flotte de véhicules, ainsi que les rejets de gaz issus de certains procédés industriels. Par exemple, une usine qui brûle du gaz naturel pour produire de l’énergie génère des émissions de Scope 1, tout comme une entreprise de logistique dont les camions fonctionnent au diesel. Ce périmètre est souvent le plus simple à mesurer, car les sources d’émissions sont bien identifiées et directement contrôlées. Cependant, la réduction des émissions de Scope 1 peut nécessiter des investissements importants, comme l’électrification des flottes de véhicules, l’amélioration de l’efficacité énergétique des bâtiments ou l’adoption de technologies de captage du carbone.
⚡Scope 2 – Les émissions indirectes liées à l’énergie
Le Scope 2 regroupe les émissions indirectes liées à la consommation d’électricité, de chaleur, de vapeur ou de froid achetés par l’organisation. Ces émissions ne proviennent pas directement des infrastructures de l’entreprise, mais elles sont générées par les producteurs d’énergie qui alimentent ses installations.
Par exemple, une entreprise qui achète de l’électricité produite par une centrale au charbon verra ses émissions de Scope 2 augmenter, tandis qu’une organisation utilisant exclusivement des énergies renouvelables aura un impact bien moindre. Ainsi, réduire les émissions de Scope 2 passe par plusieurs stratégies, comme l’achat d’électricité verte, la mise en place de panneaux solaires en autoconsommation, ou encore l’amélioration de l’efficacité énergétique des bâtiments pour limiter la demande en énergie.
🚗 Scope 3 – Autres émissions indirectes
Le Scope 3 représente le périmètre le plus large et le plus complexe à mesurer, car il englobe toutes les autres émissions indirectes qui ne sont pas incluses dans les Scopes 1 et 2. Ces émissions sont générées tout au long de la chaîne de valeur d’une organisation, en amont et en aval de son activité.
En amont, cela inclut les émissions liées à la production et au transport des matières premières, les achats de biens et services, les déplacements des employés ou encore la gestion des déchets. En aval, il s’agit des émissions liées à l’utilisation des produits vendus, au transport des marchandises, au recyclage ou à l’élimination des produits en fin de vie.
La complexité du Scope 3 réside dans la diversité des sources d’émissions et le fait qu’elles sont souvent hors du contrôle direct de l’entreprise. Cependant, ce périmètre est essentiel à analyser, car il représente la majeure partie de l’empreinte carbone de nombreuses organisations.
Les entreprises cherchant à réduire leur Scope 3 doivent travailler en collaboration avec leurs fournisseurs, optimiser leur logistique, proposer des produits plus durables et encourager l’éco-conception.
Comprendre et mesurer les Scopes 1, 2 et 3 est une étape fondamentale pour toute organisation engagée dans la réduction de son empreinte carbone. Si le Scope 1 est souvent le plus simple à mesurer et à maîtriser, le Scope 2 requiert une réflexion sur les sources d’énergie utilisées, et le Scope 3 demande un travail approfondi avec l’ensemble des parties prenantes de la chaîne de valeur. En combinant ces trois approches, les entreprises peuvent mettre en place des stratégies climatiques efficaces et durables.
Pourquoi la distinction entre Scope 1 2 3 est-elle importante ?
La classification des émissions en Scope 1 2 3 permet aux entreprises et organisations d’avoir une vision globale et précise de leur impact environnemental. Cette distinction est essentielle pour élaborer des stratégies de réduction des émissions adaptées à chaque périmètre. Comprendre ces catégories permet d’évaluer l’impact réel d’une organisation sur le climat. Le Scope 1 englobe les émissions directes, souvent plus faciles à mesurer et à maîtriser. Le Scope 2 met en lumière l’importance des choix énergétiques et encourage l’adoption d’énergies renouvelables. Enfin, le Scope 3, souvent le plus conséquent, révèle l’empreinte carbone de l’ensemble de la chaîne de valeur. En distinguant ces périmètres, une entreprise peut identifier les leviers d’action les plus efficaces. Les actions peuvent inclure l’optimisation énergétique des bâtiments et équipements (Scope 2), l’amélioration des processus industriels (Scope 1) ou encore l’intégration de critères environnementaux dans la sélection des fournisseurs (Scope 3). Enfin, cette approche est essentielle pour respecter les réglementations et normes en vigueur. De nombreuses obligations légales, comme le GHG Protocol ou la directive européenne sur le reporting extra-financier, exigent des entreprises une transparence sur leurs émissions, rendant cette distinction incontournable pour une gestion environnementale responsable.
Les réglementations et normes liées aux Scopes 1 2 3
La comptabilisation des émissions de gaz à effet de serre est encadrée par plusieurs réglementations et normes internationales visant à harmoniser les méthodes de calcul et à encourager la réduction des émissions.
Les réglementations internationales
Des accords mondiaux, comme le Protocole de Kyoto (1997) et l’Accord de Paris (2015), fixent des objectifs de réduction des émissions de CO₂ et incitent les États à mettre en place des politiques adaptées. Des normes telles que l’ISO 14064 définissent des cadres méthodologiques pour mesurer et rapporter les émissions des entreprises.
Le GHG Protocol : la norme de référence
Le GHG Protocol (Greenhouse Gas Protocol) est la référence mondiale pour la comptabilisation des émissions de CO₂. Il établit les principes des Scopes 1, 2 et 3 et fournit des lignes directrices précises pour leur calcul. Il est adopté par de nombreuses entreprises et institutions publiques à travers le monde.
Les obligations en Europe
L’Union européenne impose aux grandes entreprises un reporting extra-financier, via la directive CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive), les obligeant à déclarer leurs émissions de Scope 1 2 3. En France, certaines entreprises doivent réaliser un bilan GES réglementaire pour mesurer et déclarer leurs émissions, en conformité avec les exigences environnementales.
Quelles sont les différences entre les scopes 1 2 3 ?
Chaque scope du bilan carbone est distinct de par sa nature, ses sources d’émissions, et ses méthodes de calcul. Ainsi, le scope 1 ne prend en compte que les émissions directes de l’organisation, tandis que le scope 2 se concentre sur les émissions générées lors de la production d’énergie. Le scope 3 comprend les émissions indirectes produites en amont et en aval des activités directes de l’entreprise. Chaque scope est plus ou moins complexe à mesurer. Le Scope 1 est relativement facile à évaluer car les sources d’émissions sont directement contrôlées par l’organisation. Le Scope 2 présente une complexité intermédiaire, il nécessite de prendre en compte le mix énergétique et les facteurs d’émission du fournisseur d’énergie, qui peuvent varier dans le temps et dans l’espace. Enfin, le Scope 3 est généralement le plus complexe à évaluer et à gérer, car il concerne des émissions générées par des entités tierces.
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Chaque scope du bilan carbone est distinct de par sa nature, ses sources d’émissions, et ses méthodes de calcul.

Le Scope 1
Les émissions directes
Le Scope 1 occupe une place centrale dans le bilan carbone d’une organisation, car il regroupe l’ensemble des émissions directes de gaz à effet de serre (GES). Ces émissions proviennent exclusivement de sources appartenant à l’entreprise ou placées sous son contrôle direct. Contrairement aux autres scopes, qui impliquent des émissions indirectes générées par des fournisseurs ou des partenaires, les émissions du Scope 1 résultent directement des activités opérationnelles de l’organisation. Elles sont donc plus facilement mesurables et directement influençables par des actions ciblées de réduction.
La combustion de carburants
La première source majeure d’émissions directes concerne la combustion de carburants fossiles. Cela englobe l’utilisation de gaz naturel, de fioul, de charbon ou d’autres sources d’énergie fossile pour produire de la chaleur, de l’électricité ou pour faire fonctionner des équipements industriels. Les flottes de véhicules détenues ou contrôlées par l’entreprise sont également concernées, qu’il s’agisse de voitures, camions, trains ou engins de chantier fonctionnant au diesel ou à l’essence. Par exemple, une entreprise de logistique qui possède ses propres camions voit ses émissions de Scope 1 augmenter avec la consommation de carburant de ces véhicules.
Les émissions de procédés
Certaines industries émettent des GES sans combustion de carburant, simplement par le biais de réactions chimiques spécifiques à leur processus de production. C’est le cas notamment dans la fabrication du ciment, la sidérurgie ou l’industrie chimique. Par exemple, la production de chaux et de ciment entraîne des émissions de CO₂ dues à la transformation chimique du calcaire. De même, certaines industries pharmaceutiques ou agroalimentaires génèrent des émissions de GES lors de procédés de fermentation ou d’autres transformations chimiques.
Les émissions fugitives
Une autre catégorie importante du Scope 1 concerne les émissions fugitives, qui sont des fuites involontaires de gaz à effet de serre. Ces émissions peuvent provenir de systèmes de réfrigération et de climatisation, où des fluides frigorigènes comme le fréon s’échappent en raison d’une fuite ou d’un mauvais entretien des équipements. Or, ces gaz réfrigérants ont souvent un potentiel de réchauffement global (PRG) très élevé, parfois des milliers de fois supérieur au CO₂.
Les fuites de méthane (CH₄) dans les infrastructures de transport et de stockage de gaz naturel constituent également une source d’émissions fugitives. Dans le secteur pétrolier et gazier, des fuites se produisent fréquemment lors de l’extraction, du raffinage et du transport des hydrocarbures. Le méthane étant un gaz à effet de serre 25 fois plus puissant que le CO₂ sur 100 ans, ces émissions ont un impact considérable sur le climat.
Les méthodes de calcul
Pour calculer avec précision les émissions directes de gaz à effet de serre (GES) du Scope 1, il convient d’identifier les différentes sources d’émissions et de leur appliquer un facteur d’émission. Il est indispensable de collecter des données précises sur chaque source d’émission, comme la quantité de carburant consommé, les heures de fonctionnement des machines ou les quantités de matières premières utilisées. Ensuite, un facteur d’émission doit être choisi. Il s’agit de coefficients qui permettent de convertir les données d’activité en émissions de GES, en tonnes d’équivalent CO2. Retroucez davantage d'information quant aux méthodes de calcul du scope 1 dans notre article.
Il est indispensable de collecter des données précises sur chaque source d'émission.
Il est indispensable de collecter des données précises sur chaque source d'émission, comme la quantité de carburant consommé, les heures de fonctionnement des machines ou les quantités de matières premières utilisées.
Les émissions du Scope 1 se calculent généralement selon la formule suivante:
Émissions de GES en tonnes d’équivalent de CO2 = Donnée d’Activité * Facteur d’Émission Chaque source d’émission doit être calculée séparément et puis additionnée afin d’obtenir le total des émissions du Scope 1.
Quelles sont les différentes catégories du Scope 1?
Le Scope 1, peut être divisé en plusieurs catégories, chacune reflétant un type particulier d’émission directe de gaz à effet de serre (GES):
La combustion stationnaire, qui fait référence aux émissions résultant de la combustion de carburants pour la production d’énergie dans des installations fixes, comme des chaudières, des fours ou des groupes électrogènes.
La combustion mobile, qui concerne les émissions produites par les véhicules et engins mobiles détenus ou contrôlés par l’organisation (voitures, camions, avions, bateaux, etc).
Les émissions procédées, celles qui ne résultent pas de la combustion de carburant mais qui sont émises directement lors de la fabrication de produits.
Les émissions fugitives désignent les émissions non intentionnelles qui s’échappent de l’équipement durant l’utilisation normale ou en cas de dysfonctionnement.
L’utilisation de carburants biomasse, englobant les émissions résultant de la combustion de biomasse (comme le bois ou les déchets biogéniques).
Les autres émissions directes qui ne rentrent pas dans les catégories précédentes, comme les émissions liées à l’utilisation de solvants ou à l’aménagement des sols (par exemple, dans les secteurs agricoles et forestiers).
Le Scope 2
Les émissions indirectes
Le Scope 2 fait référence aux émissions indirectes de gaz à effet de serre (GES) liées à la consommation d’électricité, de chaleur, de vapeur d'eau et de froid achetées et consommées par l’organisation. Ainsi, le Scope 2 englobe les émissions provenant de la production d’énergie achetée, qui est produite en dehors de l’organisation mais consommée au sein de celle-ci, comme :
Les émissions liées à la production de l'électricité que l’organisation achète pour faire fonctionner ses équipements, ses bureaux, ses usines, etc.
Les émissions de GES issues de la production de chaleur, de vapeur et de froid achetées et utilisées par l’organisation pour ses besoins thermiques et énergétiques.
Les émissions du Scope 2 permettent de mettre en évidence l’impact indirect de la consommation énergétique externe. Identifier les émissions du Scope 2 aides les organisations à privilégier les énergies renouvelables et d'améliorer leur efficacité énergétique. Retrouvez quelques exemples d'émissions du scope 2 dans notre article sépialement dédié à ce sujet.
Les méthodes de calcul
Les émissions du Scope 2, qui concernent principalement la consommation d'électricité, mais également de chaleur, de froid et de vapeur achetés et consommés par l'organisation, peuvent être calculées selon plusieurs méthodes.
Il existe deux méthodes de calcul : l’approche géographique et l’approche contractuelle. Dans les deux cas, il s’agit de calculer l’impact de la consommation en kilowattheure, ou toute autre unité de mesure similaire. Elles diffèrent cependant dans le facteur d’émission utilisé.
La méthode géographique se concentre sur le mix énergétique du pays où l’énergie est produite. En effet, l’électricité est produite en utilisant des moyens de production comme le nucléaire, le charbon, le gaz naturel ou le rayonnement solaire, dont les ratios divergent d’un pays à l’autre. Par exemple, le mix énergétique français et le facteur d’émission qui y est associé seront différents de ceux de la Chine. En France, le nucléaire est la méthode de production principale, tandis qu’en Chine, il s’agit du charbon. Ceci explique pourquoi le facteur d’émission du mix énergétique français est inférieur à celui de la Chine
Émissions du Scope 2 (tCO2e) = Consommation d’énergie (kWh) * Facteur d’Émission du mix énergétique national ou régional (kgCO2e/kWh)
La méthode contractuelle reconnaît que les organisations peuvent choisir des sources d’énergie avec des profils d’émission différents, comme choisir un contrat d’électricité 100 % renouvelable. Dans ce cas, si l’organisation achète de l'électricité via des certificats d'énergie renouvelable ou des garanties d'origine, cela peut être pris en compte pour calculer les émissions du Scope 2 avec un facteur d'émission plus bas ou même nul. Les organisations qui ont des accords d'achat d'énergie (AAE) pour des sources d'énergie spécifiques peuvent également utiliser des facteurs d'émission particuliers pour ces sources.
Émissions du Scope 2 (tCO2e)=Consommation d’Énergie (kWh) * Facteur d’Émission Spécifique (kgCO2e/kWh)
Lors de l'établissement de l’empreinte carbone, il est possible de rapporter les émissions du Scope 2 en utilisant à la fois la méthode basée sur la méthode géographique et la méthode contractuelle, pour une transparence maximale et une meilleure compréhension des efforts de réduction des émissions. Cependant, la méthode Bilan Carbone® développée en France par l’ABC ne reconnaît pas l’approche contractuelle. Celle-ci n’est valide que dans le cadre de la méthode GHG-Protocol.
Quels sont les différents critères de qualité du Scope 2 ?
Afin d’établir un bilan carbone le plus exact possible et d’envisager des stratégies de réduction d'émissions de GES efficaces, les données du Scope 2 doivent répondre à plusieurs critères qualité :
Données précises
Assurer l’exactitude des données de consommation d’énergie et des facteurs d’émission utilisés.
Couverture complète
Inclure toutes les sources d’émissions pertinentes et applicables au sein du Scope 2.
Méthodologie stable
Appliquer de manière cohérente les méthodes de calcul et les approches tout au long des périodes de reporting.
Comparabilité
Les données doivent être présentées d’une manière qui permette une comparaison fiable dans le temps et par rapport aux autres organisations.
Clarté
Expliquer clairement les méthodes de calcul, les sources de données et les hypothèses.
Choix des méthodes
Utiliser les méthodes et les facteurs d’émission les plus pertinents et spécifiques disponibles.
Le Scope 3
Les émissions indirectes non liées à l’entreprise
Le Scope 3 englobe un vaste éventail d'émissions indirectes se produisant au sein de la chaîne de valeur de l'entreprise, incluant à la fois des sources en amont et en aval et qui ne sont pas couvertes par les Scopes 1 et 2. Il s'agit d'émissions générées par les activités de l’entreprise, mais provenant de sources qui ne lui appartiennent pas et ne sont pas sous son contrôle, mais dont elle est responsable via sa consommation :
Émissions en amont
La production des matières premières, le transport des marchandises, les emballages, les activités sous-traitées, etc.
Émissions en aval
Elles se rapportent aux phases ultérieures de la vie du produit ou du service, telles que l’utilisation des produits vendus, leur fin de vie, et le traitement des déchets générés.
Non contrôlées directement
Ces émissions ne proviennent pas de sources qui sont la propriété de l’entreprise ou sous son contrôle direct, mais résultent de ses activités.
Quelles sont les émissions prises en compte dans le Scope 3 ?
Le Scope 3 du bilan carbone regroupe un large éventail d’émissions de gaz à effet de serre indirectes (GES) qui ont lieu dans la chaîne de valeur d'une entreprise, excluant celles couvertes par les Scopes 1 et 2. Ces émissions sont considérées indirectes puisqu'elles sont le fait d'entités distinctes de l'entreprise, mais sont induites par ses activités. Les émissions du Scope 3 sont généralement regroupées en différentes catégories pour aider à leur identification, mesure et gestion :
Achats de biens et services, comme les matières premières, les produits semi-finis et les services sous-traités.
Émissions liées à la production et à la livraison des biens d'investissement.
Transport et distribution des marchandises en amont de la chaîne d'approvisionnement.
Déplacements des employés.
Transport et distribution des produits vendus.
Utilisation des produits vendus. Il s’agit des émissions produites lors de l’utilisation des produits ou services par le client final, par exemple, les émissions générées par l'utilisation d'un appareil électroménager.
Les émissions liées à la gestion des produits en fin de vie, leur collecte, leur traitement et leur élimination.
Leasing en amont ou en aval.
Les émissions issues du traitement des déchets générés par l'entreprise, par exemple, dans ses bureaux et usines.
Les méthodes de calcul
Le Scope 3 étant le plus vaste et le plus complexe des trois scopes, le calcul des émissions indirectes qu’il englobe nécessite des approches et des méthodes adaptées à chaque catégorie d'émissions et source de données. Les méthodes de calcul des émissions de Scope 3 peuvent varier considérablement et doivent souvent être adaptées aux spécificités de chaque entreprise et secteur d'activité. La méthode du facteur d’émission se base sur la multiplication de l’activité (comme les kilomètres parcourus ou les tonnes de matières premières achetées) par un facteur d’émission spécifique. Elle est principalement utilisée pour les émissions liées au transport (en amont et en aval), aux déplacements des employés, etc. La méthode de l’analyse du cycle de vie (ACV) évalue les émissions tout au long du cycle de vie d’un produit ou service, de l’extraction des matières premières à son élimination. Elle est pertinente pour l'analyse des émissions liées aux biens et services achetés, à l'utilisation des produits vendus et à la fin de vie des produits. La méthode des dépenses économiques se base sur la multiplication des dépenses financières par des facteurs d’émission économiques sectoriels ou régionaux. Elle est utile pour estimer les émissions des catégories du Scope 3 où les données d’activité précises sont difficiles à obtenir. La méthode de la chaîne de valeur évalue les émissions en remontant ou descendant toute la chaîne de valeur d'un produit ou service. Elle est utilisée pour obtenir une vue complète et intégrée des émissions le long de la chaîne de valeur.
Pourquoi mesurer le Scope 3 ?
Le Scope 3 est essentiel pour avoir une vision globale et réaliste de l’empreinte carbone d’une entreprise. Dans certains secteurs, il représente jusqu’à 80 % des émissions totales, rendant toute stratégie de décarbonation incomplète sans sa prise en compte.
Cependant, sa complexité réside dans la difficulté d’accès aux données, car celles-ci proviennent de multiples acteurs externes. Pour améliorer la mesure et la gestion du Scope 3, les entreprises peuvent :
- Collaborer avec leurs fournisseurs pour réduire l’empreinte carbone des matériaux et des transports.
- Mettre en place des incitations pour une production plus durable, comme privilégier les circuits courts et l’approvisionnement en énergies renouvelables.
-Optimiser la conception des produits afin qu’ils soient plus durables, recyclables et économes en énergie lors de leur utilisation.
-Encourager les comportements écoresponsables chez les clients, en proposant des solutions de recyclage ou des alternatives moins énergivores.
Prendre en compte le Scope 3 dans un bilan carbone permet ainsi d’anticiper les futures réglementations, de répondre aux attentes des consommateurs et des investisseurs, et de jouer un rôle actif dans la transition vers une économie bas-carbone.
La collecte & gestion des données
Les émissions du Scope 3 du bilan carbone, par leur nature indirecte et leur portée étendue au sein de la chaîne de valeur, impliquent une collecte et une gestion des données à la fois diversifiées et complexes. Une méthodologie précise doit être mise en place afin de collecter les données nécessaires, de quantifier exactement ces émissions et d’éviter la double comptabilité des données.
La réalisation d’un bilan carbone pertinent passe par une bonne compréhension des enjeux de chaque scope, ainsi qu’un calcul détaillé et précis des différents niveaux d’émissions.
Le logiciel de calcul d'empreinte carbone de D-Carbonize est le logiciel parfait pour vous aider à mesurer efficacement l’ensemble de vos émissions directes et indirectes, et à mettre en place une stratégie carbone efficace et adaptée à votre organisation.
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Le Scope 4
Les émissions à éviter
Le Scope 4 foit référence aux émissions de gaz à effet de serre évitées ou réduites grâce à des outils ou services performants et moins émissifs, propres à l'entreprise.
Par exemple, si une entreprise développe une technologie qui réduit les émissions de ses clients ou de la société en général, les réductions d'émissions résultantes peuvent être appelées "Scope 4".
💡A noter : cette utilisation n'est pas standardisée ni officiellement reconnue dans les rapports de durabilité selon les normes actuelles du GHG Protocol. Il vaut mieux prioriser la mesure des émissions relatives aux scopes 1, 2 et 3 plutôt que de se concentrer sur les émissions liées au scope 4.
Comment réduire ses émissions pour chaque Scope 1 2 3 ?
La réduction des émissions de gaz à effet de serre passe par une approche différenciée selon les Scopes 1, 2 et 3. En effet, chaque périmètre nécessite des actions spécifiques, adaptées à la nature des émissions concernées.
Réduire les émissions du Scope 1
Les émissions du Scope 1 étant directement sous le contrôle de l’organisation, elles sont plus faciles à mesurer et à gérer. Pour les réduire, plusieurs stratégies peuvent être mises en place :
-Améliorer l’efficacité énergétique des installations industrielles en optimisant les équipements de production et en limitant les gaspillages énergétiques. L’utilisation de capteurs intelligents et de systèmes de récupération de chaleur peut contribuer à une meilleure performance énergétique.
- Électrifier les véhicules et adopter des énergies renouvelables permet de limiter l’utilisation de carburants fossiles. La transition vers des véhicules électriques ou à hydrogène réduit significativement les émissions des flottes d’entreprise.
-Optimiser les processus de production pour limiter les émissions de procédés industriels. Par exemple, dans le secteur du ciment ou de la chimie, l’adoption de technologies bas-carbone peut fortement réduire les émissions.
Réduire les émissions du Scope 2
Les émissions du Scope 2, liées à la consommation d’énergie achetée, peuvent être réduites en travaillant sur les choix énergétiques et la performance des infrastructures.
Acheter de l’électricité d’origine renouvelable grâce à des contrats d’approvisionnement en énergie verte ou via l’autoproduction photovoltaïque.
Améliorer l’efficacité énergétique des bâtiments et équipements en installant des systèmes de gestion intelligente de l’énergie, en optimisant l’éclairage et en améliorant l’isolation thermique.
Réduire la consommation énergétique via des actions internes, comme la sensibilisation des employés, l’optimisation des horaires d’utilisation des équipements ou l’installation d’éclairages LED à faible consommation.
Réduire les émissions du Scope 3
Le Scope 3 est le plus complexe à gérer, car il regroupe les émissions indirectes de la chaîne de valeur, en amont et en aval de l’entreprise. Toutefois, certaines actions peuvent contribuer à réduire son impact :
-Sélectionner des fournisseurs engagés dans la transition bas-carbone en privilégiant des partenaires qui utilisent des énergies renouvelables et des processus de production à faible émission de CO₂.
-Favoriser l’économie circulaire et l’éco-conception des produits en repensant la conception des biens pour prolonger leur durée de vie, faciliter leur recyclage et limiter leur impact environnemental.
- Encourager le télétravail et limiter les déplacements professionnels afin de réduire l’empreinte carbone liée aux transports. L’utilisation de visioconférences et la mise en place de politiques de mobilité durable (covoiturage, vélos électriques) permettent d’atténuer ces émissions.
En adoptant une stratégie globale, les entreprises peuvent agir efficacement sur chacun des trois Scopes et accélérer leur transition vers un modèle plus durable et bas-carbone.
Les limites du modèle Scope 1 2 3
Bien que le modèle des Scopes 1, 2 et 3 soit aujourd’hui la référence pour la comptabilisation des émissions de gaz à effet de serre, il présente plusieurs limites et critiques qui rendent son application parfois complexe et imprécise.
Une complexité croissante avec le Scope 3
Si les Scopes 1 et 2 sont relativement simples à mesurer, le Scope 3 représente un défi majeur pour les entreprises. Il englobe un vaste périmètre d’émissions indirectes, souvent hors du contrôle direct de l’organisation. La collecte de données dépend de nombreux acteurs (fournisseurs, distributeurs, clients) et peut être fragmentée, incomplète ou difficile à vérifier, rendant l’évaluation du Scope 3 plus approximative que les deux autres.
Un manque de standardisation des méthodes de calcul
Bien que des référentiels comme le GHG Protocol ou la norme ISO 14064 existent, les méthodologies de comptabilisation varient selon les secteurs et les pays. Certains facteurs d’émission diffèrent d’une base de données à l’autre, ce qui peut biaisser les comparaisons entre entreprises et rendre difficile l’évaluation des efforts de réduction d’émissions.
Le risque de double comptabilisation des émissions
Enfin, le modèle Scope 1, 2 et 3 peut entraîner des chevauchements dans la comptabilisation des émissions entre entreprises. Une émission déclarée en Scope 3 par une entreprise peut être comptabilisée en Scope 1 par un fournisseur ou un prestataire, créant ainsi des redondances et rendant difficile l’évaluation réelle des efforts de réduction de l’ensemble de la chaîne de valeur.