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Comparaison des émissions de GES par secteurs : Quels secteurs polluent le plus ?

Lecture 23 min

juin 29, 2025

Résumé

Le secteur de l'énergie est le plus gros pollueur, représentant environ 73 % des émissions mondiales de GES. Le transport et l'industrie suivent, avec respectivement 16 % et 21 % des émissions. L'agriculture et le secteur du bâtiment contribuent également, avec 14 % et 6 % des émissions mondiales.

Commencez votre avenir décarboné entre de bonnes mains
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Comparaison des émissions de GES par secteurs : Quels secteurs polluent le plus ?

Pourquoi comparer les émissions de GES par secteur ? 

Comparer les émissions de GES par secteur permet d’identifier les principales sources d’émissions et aide à agir de manière ciblée pour les réduire. Chaque secteur contribue différemment au réchauffement climatique, ce qui justifie une approche adaptée pour atteindre les objectifs climatiques mondiaux, comme ceux fixés par l’Accord de Paris. Cette analyse sectorielle permet de répartir les efforts de réduction des émissions en fonction de l’impact de chaque secteur, garantissant ainsi une décarbonation plus efficace.

Secteur de l’énergie : le principal contributeur aux émissions de GES 

Le secteur de l’énergie reste le principal responsable des émissions mondiales de gaz à effet de serre, avec environ 73 % des émissions globales, selon les données du GIEC. Ces émissions proviennent principalement de la combustion d’énergies fossiles pour la production d’électricité, de chaleur ou de carburants. Trois sources majeures dominent le secteur de l’énergie : le charbon, le pétrole et le gaz naturel, chacune ayant un impact climatique distinct.

Énergies fossiles : des émissions variables selon la source

Le charbon est la source d’énergie la plus émettrice de CO₂ par kilowattheure produit, avec en moyenne environ 820 g de CO₂/kWh. Très utilisé dans les centrales thermiques, notamment en Chine et en Inde, il constitue encore une part importante du mix énergétique mondial. Le pétrole, utilisé principalement dans les transports et l’industrie, émet environ 640 g de CO₂/kWh. Enfin, le gaz naturel, souvent présenté comme une énergie de transition, émet environ 490 g de CO₂/kWh. Si ses émissions directes sont moindres, il faut également compter les émissions fugitives de méthane lors de l’extraction et du transport.

Des disparités régionales fortes

La répartition des émissions liées à l’énergie varie considérablement selon les régions. La Chine est aujourd’hui le premier émetteur mondial dans ce secteur, en grande partie à cause de sa forte dépendance au charbon pour alimenter son industrie et son réseau électrique. Les États-Unis, quant à eux, affichent des émissions élevées, mais en baisse progressive grâce à la transition vers le gaz et les énergies renouvelables. L’Inde, en plein essor économique, voit également ses émissions énergétiques augmenter rapidement. À l’inverse, plusieurs pays européens, comme la France ou la Suède, affichent un mix énergétique plus décarboné, notamment grâce au nucléaire ou à l’hydraulique.

Quelles perspectives pour le secteur de l’énergie ?

Pour sortir de cette dépendance aux énergies fossiles, des technologies bas carbone sont développées, comme l’utilisation des énergies renouvelables (solaire, éolien, hydraulique, géothermie). De plus, des innovations prometteuses, comme les petits réacteurs modulaires (SMR) en cours de développement dans plusieurs pays, visent à produire de l’électricité nucléaire de manière plus flexible et sécurisée.

L’hydrogène vert, produit par électrolyse de l’eau à partir d’électricité renouvelable, offre également une piste de décarbonation pour les secteurs difficiles à électrifier. Plusieurs pays, dont l’Allemagne, la Corée du Sud et l’Australie, investissent massivement dans cette filière d’avenir.

Transport : 16 % des émissions mondiales

Le secteur du transport représente environ 16 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre, selon les données de l’Agence Internationale de l’Énergie. Il repose encore largement sur l’utilisation de carburants fossiles, en particulier dans le transport routier, qui reste le principal contributeur à ces émissions. Alors que la mobilité est un levier essentiel du développement économique, elle constitue également un défi majeur pour atteindre les objectifs de neutralité carbone.

Des émissions concentrées dans le transport routier

Environ 75 % des émissions du transport proviennent du transport routier et de la dépendance aux véhicules à moteur thermique. En effet, les voitures particulières, les camions et les bus utilisent massivement de l’essence ou du diesel, émettant du CO₂ directement lors de la combustion.

 

Le transport aérien est responsable d’environ 11 % des émissions du secteur, et bien qu’il ne représente qu’une faible part des déplacements mondiaux, son impact climatique est amplifié par les émissions en altitude. Le transport maritime, souvent oublié, contribue pour environ 10 %, notamment en raison de l’utilisation de fioul lourd très polluant. En comparaison, le transport ferroviaire reste l’un des modes les plus sobres en carbone, surtout lorsqu’il est électrifié.

Comparaison des émissions par mode de transport

À l’échelle individuelle, un vol long-courrier peut générer plusieurs centaines de kilos de CO₂ par passager, tandis qu’un trajet en voiture essence émet environ 120 g de CO₂/km. À l’inverse, un train électrique peut descendre sous les 5 g de CO₂/km/passager, selon la source d’électricité utilisée. Cette disparité montre l’importance d’un changement d’habitudes et l’adoption de moyens de transport moins émetteurs.

Vers une mobilité décarbonée : innovations et politiques

Face à l’urgence climatique, des solutions se développent pour réduire les émissions du transport. L’électrification des véhicules est en forte progression, portée par l’amélioration des batteries, l’autonomie accrue et les politiques d’incitation à l’achat. De nombreux pays ont fixé des dates limites pour la fin de vente des voitures thermiques (ex. : 2035 dans l’Union européenne).

 

Le développement des transports en commun bas carbone (bus électriques, tramways, métros) contribue également à limiter les émissions dans les zones urbaines. Certaines villes comme Amsterdam, Oslo ou Paris ont engagé des politiques ambitieuses pour favoriser les mobilités douces, interdire les véhicules polluants dans les centres, et développer les pistes cyclables.

 

D’autres pistes d’innovation incluent les carburants alternatifs : biocarburants avancés, hydrogène vert, ou encore carburants synthétiques produits à partir de CO₂ capté. Bien qu’encore coûteux, ces carburants pourraient permettre de décarboner les secteurs difficiles, comme l’aviation ou le transport maritime.

Le rôle de la planification urbaine et mobilité urbaine

La réduction des émissions ne repose pas uniquement sur la technologie. Repenser les villes, limiter l’étalement urbain, rapprocher les lieux de vie et de travail sont autant de leviers pour diminuer les besoins en déplacement. Par ailleurs, les comportements individuels ont un rôle crucial : privilégier le vélo, le covoiturage, les transports publics ou encore limiter les vols en avion sont autant d’actions concrètes pour alléger son empreinte carbone.

Industrie : environ 21 % des émissions mondiales

Le secteur industriel représente environ 21 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre, selon les estimations du GIEC. Ce niveau élevé s’explique par la forte intensité énergétique des procédés industriels, le recours massif aux combustibles fossiles et les émissions directes issues des réactions chimiques. L’industrie joue un rôle central dans l’économie mondiale, mais elle est aussi l’un des secteurs les plus complexes à décarboner.

Des sous-secteurs très émetteurs

Certaines activités industrielles concentrent la majorité des émissions :

  • La production de ciment, qui représente à elle seule environ 7 % des émissions mondiales, génère du CO₂ non seulement par la combustion pour chauffer les fours, mais aussi par la réaction chimique de décarbonatation du calcaire.
  • La sidérurgie, essentielle pour la fabrication de l’acier, repose encore largement sur des hauts fourneaux alimentés au charbon, ce qui entraîne des émissions massives.
  • L’industrie chimique, notamment la production d’ammoniac, de plastique ou d’engrais, est également très énergivore et productrice de GES, dont le protoxyde d’azote (N₂O) et le méthane (CH₄).

D’autres secteurs comme la verrerie, l’aluminium ou le textile participent aussi aux émissions industrielles, bien que dans une moindre mesure à l’échelle mondiale.

Le rôle central de l’énergie

La consommation énergétique de l’industrie repose encore très largement sur des sources fossiles. Le charbon, le gaz naturel et le pétrole sont utilisés pour produire de la chaleur, de l’électricité ou pour alimenter des procédés industriels spécifiques. Dans certains pays comme la Chine ou l’Inde, l’industrie représente une part dominante de la demande énergétique nationale, ce qui rend sa transformation cruciale pour atteindre les objectifs climatiques.

Des leviers pour une industrie bas carbone

Pour réduire son empreinte carbone, l’industrie peut s’appuyer sur plusieurs leviers :

  • L’amélioration de l’efficacité énergétique : moderniser les équipements, récupérer la chaleur fatale, isoler thermiquement les installations.
  • Le remplacement des combustibles fossiles par de l’électricité bas carbone, de l’hydrogène ou des bioénergies.
  • Le captage, stockage et utilisation du carbone (CCUS) : technologie qui permet de capter le CO₂ à la sortie des cheminées industrielles et de le stocker ou le réutiliser. Plusieurs projets pilotes sont en cours en Europe, en Amérique du Nord et en Asie.
  • L’économie circulaire : optimiser l’utilisation des ressources, recycler les matériaux, réduire les pertes en amont de la production.

Ainsi, certains groupes industriels prennent de l’avance et innovent pour réduire leurs émissions de GES :

  • En Europe, ArcelorMittal développe une filière de production d’acier utilisant de l’hydrogène au lieu du charbon.
  • En France, LafargeHolcim expérimente des ciments bas carbone à base d’argile calcinée ou de résidus industriels.
  • Solvay ou BASF investissent dans la chimie verte pour réduire l’impact environnemental de leurs productions.

Ces initiatives restent pour l’instant coûteuses et limitées en volume, mais elles préfigurent l’industrie du futur : plus propre, plus économe en ressources, et intégrée à un écosystème énergétique renouvelable.

Un secteur difficile à transformer

La transition du secteur industriel est l’un des plus grands défis de la décarbonation mondiale. Les équipements lourds ont des cycles de vie longs (souvent plusieurs décennies), et les investissements nécessaires pour transformer les processus sont colossaux. Toutefois, la demande sociale, les régulations climatiques et la hausse des prix du carbone incitent de plus en plus d’entreprises à s’engager vers un avenir décarbonné.

Agriculture : environ 14 % des émissions mondiales

Le secteur agricole est responsable d’environ 14 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre, mais son impact climatique ne se limite pas à ce chiffre. En effet, l’agriculture interagit étroitement avec l’usage des sols, la déforestation et les chaînes d’approvisionnement alimentaires, ce qui en fait un secteur complexe et transversal. Contrairement à l’énergie ou à l’industrie, les émissions agricoles ne sont pas principalement dues au CO₂, mais à deux autres gaz à effet de serre encore plus puissants : le méthane (CH₄) et le protoxyde d’azote (N₂O).

Les principales sources d’émissions agricoles

  • Le méthane (CH₄) provient essentiellement de la fermentation entérique des ruminants (vaches, moutons…), un processus digestif qui libère naturellement du gaz. Ce gaz a un potentiel de réchauffement 25 fois supérieur à celui du CO₂ sur 100 ans.
  • Le protoxyde d’azote (N₂O) est principalement émis par l’utilisation d’engrais azotés et les effluents d’élevage. Son impact est encore plus élevé : environ 265 fois celui du CO₂.

S’ajoutent à cela les émissions liées au labour intensif, à la monoculture, à la consommation d’énergie pour les machines agricoles ou encore au transport des denrées alimentaires. Ces pratiques, souvent issues de l’agriculture conventionnelle intensive, contribuent également à la dégradation des sols, à la perte de biodiversité et à l’épuisement des ressources en eau.

Des pratiques agricoles à repenser

Pour réduire ces émissions, des alternatives durables émergent :

  • L’agriculture de conservation, qui limite le labour, couvre les sols et préserve leur fertilité naturelle.
  • L’agroforesterie, qui combine arbres et cultures pour stocker du carbone et enrichir les écosystèmes.
  • La réduction de l’usage d’engrais chimiques, remplacés par des engrais organiques ou des légumineuses fixant naturellement l’azote dans le sol.
  • La révision des pratiques d’élevage, via une meilleure gestion des pâturages, une alimentation adaptée ou une réduction du cheptel dans certaines zones à forte densité animale.

Ces différentes approches permettent non seulement de diminuer les émissions, mais également d’accroître la résilience des systèmes agricoles face aux impacts du changement climatique.

L’alimentation : un levier indirect mais puissant

L’impact de l’agriculture sur les émissions de GES est également lié aux choix alimentaires. En particulier, la production de viande, notamment de bœuf, est bien plus émettrice que celle des protéines végétales. Selon la FAO, un kilo de bœuf émet en moyenne plus de 60 kg de CO₂e, contre moins de 5 kg pour les légumineuses. Ainsi, adopter une alimentation plus végétale, réduire le gaspillage alimentaire et privilégier les circuits courts sont autant de leviers efficaces pour réduire l’empreinte carbone du système agroalimentaire.

Une agriculture au cœur de la transition écologique

Plusieurs pays ont déjà entamé des transitions agricoles ambitieuses :

  • En France, la Stratégie Internationale pour la Sécurité Alimentaire, la Nutrition et l’Agriculture Durable (2019-2024) encourage le développement de l’agroécologie, du bio, et la réduction des intrants chimiques.
  • Au Brésil, des millions d’hectares ont été restaurés dans le Cerrado, une savane menacée, grâce à des pratiques agricoles à faible émission de carbone, soutenues par des projets internationaux.
  • En Afrique, de nombreux programmes soutiennent l’agroforesterie, les cultures résilientes à la sécheresse et les techniques de régénération des sols.

L’agriculture est l’un des rares secteurs qui peut à la fois réduire ses émissions et capter du carbone, via la séquestration dans les sols et la biomasse végétale. Cela en fait un acteur clé pour atteindre la neutralité carbone. Cependant, réussir cette transition nécessite des changements profonds : soutien financier aux agriculteurs, formation, accès à l’innovation, adaptation des politiques agricoles et réforme de la PAC (Politique Agricole Commune) en Europe.

Bâtiment et résidentiel : environ 6 % des émissions mondiales

Le secteur du bâtiment avec les logements, bureaux et infrastructures publiques représente environ 6 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Ces émissions proviennent à la fois de la consommation énergétique des bâtiments (chauffage, climatisation, éclairage, équipements électriques) et des émissions incorporées dans les matériaux de construction (béton, acier, verre). 

Origine des émissions : chauffage, électricité et matériaux

Les émissions directes du secteur résidentiel et tertiaire sont liées à la combustion de combustibles fossiles (gaz naturel, fioul, charbon) pour le chauffage et l’eau chaude. À cela s’ajoutent les émissions indirectes, provenant de la production d’électricité utilisée dans les bâtiments, lorsque celle-ci provient de sources non renouvelables.

De plus, la construction et la rénovation des bâtiments génèrent également une empreinte carbone importante. Les matériaux comme le béton (issu du ciment), l’acier ou encore les matériaux isolants synthétiques sont très énergivores à produire. On parle alors d’émissions grises, souvent invisibles pour les utilisateurs, mais significatives à l’échelle d’un bâtiment.

Rénovation énergétique : un levier prioritaire

La rénovation énergétique des bâtiments existants est un levier crucial pour réduire les émissions du secteur. En effet, de nombreux logements, en particulier en Europe, sont mal isolés, mal ventilés et fortement dépendants des énergies fossiles.

Des solutions efficaces existent :

  • Isolation thermique performante (murs, toiture, fenêtres).
  • Chauffage renouvelable (pompe à chaleur, bois, solaire thermique).
  • Ventilation double flux et éclairage LED.
  • Domotique et capteurs intelligents, pour piloter la consommation.

Des pays comme la France ou la Belgique ont mis en place des programmes d’aides à la rénovation, visant à améliorer l’efficacité énergétique du parc immobilier tout en réduisant la précarité énergétique.

Construction neuve : viser la neutralité carbone

Pour les constructions neuves, les normes s’intensifient. En France, la RE2020 impose désormais une réduction progressive des émissions carbone des bâtiments neufs, en intégrant aussi leur empreinte environnementale sur l’ensemble du cycle de vie. On parle de bâtiments à énergie positive (BEPOS) ou de bâtiments passifs, capables de produire plus d’énergie qu’ils n’en consomment.

Des labels comme BBC (bâtiment basse consommation), HQE, ou BREEAM sont aussi de plus en plus exigés dans les appels d’offres publics et les projets privés.

Les innovations tendent également vers :

  • L’utilisation de matériaux biosourcés (bois, chanvre, paille, terre crue).
  • Le réemploi de matériaux issus de la déconstruction.
  • La conception bioclimatique, qui optimise l’orientation, l’inertie thermique et l’éclairage naturel.

De plus, certaines métropoles montrent la voie vers des quartiers bas carbone :

  • À Copenhague, le quartier Nordhavn intègre des bâtiments passifs, une production solaire locale et une mutualisation de la chaleur entre immeubles.
  • À Fribourg-en-Brisgau (Allemagne), le quartier Vauban combine maisons à énergie positive, toitures végétalisées et faible motorisation.
  • En France, des écoquartiers comme Dijon Confluence ou Issy Cœur de Ville misent sur la mixité fonctionnelle, la sobriété énergétique et les énergies renouvelables.

Quel avenir pour le secteur du bâtiment ?

Le bâtiment, longtemps perçu comme un secteur lent à bouger, est aujourd’hui en pleine mutation. Ainsi réduire les émissions du bâtiment nécessite :

  • Une volonté politique forte, pour imposer des normes ambitieuses.
  • Des incitations financières justes, pour accompagner les ménages et les entreprises.
  • Une formation renforcée des artisans et professionnels du bâtiment.

Un changement culturel, valorisant la sobriété énergétique, la rénovation plutôt que la démolition, et une conception plus sobre des espaces.

Autres secteurs émissifs : numérique, déchets et forêts

Si les grands secteurs comme l’énergie, le transport ou l’agriculture concentrent la majorité des émissions mondiales de gaz à effet de serre, d’autres secteurs, souvent considérés comme secondaires, jouent également un rôle non négligeable dans le bilan carbone mondial. Le numérique, les déchets et l’usage des forêts sont trois exemples emblématiques de contributions indirectes mais croissantes aux émissions.

Le numérique : une empreinte invisible mais réelle

Souvent perçu comme “immatériel”, le numérique génère pourtant des émissions bien réelles. Les data centers, nécessaires au stockage et au traitement des données, fonctionnent 24h/24 et nécessitent une grande quantité d’énergie pour refroidir leurs serveurs. Selon certaines estimations, le numérique représente aujourd’hui entre 3 et 4 % des émissions mondiales de GES, un chiffre en constante augmentation avec l’explosion des usages.

Le streaming vidéo, les services cloud, les objets connectés et la croissance de l’intelligence artificielle contribuent à cette hausse. À titre d’exemple, une heure de streaming haute définition sur une plateforme populaire peut générer jusqu’à 100 g de CO₂, selon la qualité de la connexion, le terminal utilisé et l’emplacement des serveurs.

Des solutions émergent : améliorer l’efficacité énergétique des centres de données, les alimenter avec des énergies renouvelables, ou encore concevoir des services numériques plus sobres (écoconception, compression vidéo, hébergement local).

Déchets : des émissions souvent sous-estimées

Le secteur des déchets est responsable d’environ 3 % des émissions mondiales, en particulier à travers la dégradation des déchets organiques dans les décharges à ciel ouvert. Cette fermentation produit du méthane (CH₄), un gaz à effet de serre au pouvoir de réchauffement très élevé.

Les émissions dépendent fortement de la méthode de traitement utilisée :

  • Les décharges non contrôlées sont les plus émettrices.
  • L’incinération libère du CO₂, mais peut être valorisée énergétiquement.
  • Le compostage et la méthanisation permettent de transformer les biodéchets en ressources tout en réduisant les émissions.

La réduction à la source, le tri efficace et la valorisation matière (recyclage, réemploi) sont les meilleures stratégies pour limiter l’impact carbone du secteur.

Forêts : puits de carbone ou source d’émissions ?

Les forêts jouent un rôle ambivalent dans le cycle du carbone. D’un côté, elles agissent comme des puits naturels, en absorbant le dioxyde de carbone via la photosynthèse. On estime que les forêts mondiales absorbent chaque année environ 2 milliards de tonnes de CO₂.

Mais lorsqu’elles sont détruites, brûlées ou dégradées, elles deviennent alors une source massive d’émissions. La déforestation, notamment en Amazonie, en Afrique centrale ou en Asie du Sud-Est, contribue à la fois à relâcher le CO₂ stocké dans la biomasse et à réduire la capacité d’absorption future.

Protéger les forêts, reboiser, restaurer des zones dégradées ou pratiquer l’agroforesterie sont donc des actions essentielles pour préserver ce rôle de régulateur climatique. De nombreux projets de compensation carbone s’appuient d’ailleurs sur ces mécanismes naturels.

Comparaison régionale des émissions ges monde par secteur

Les émissions de gaz à effet de serre varient fortement d’un pays à l’autre, non seulement en volume total, mais aussi dans leur répartition sectorielle. En fonction du niveau de développement, du modèle économique, des ressources naturelles disponibles et des politiques publiques, chaque région du monde affiche un profil d’émissions unique.

Des priorités différentes selon les régions

Dans les pays industrialisés, les émissions sont souvent dominées par :

  • Le transport, qui peut représenter jusqu’à 30 % des émissions nationales dans des pays comme les États-Unis, le Canada ou la France, en raison de la motorisation élevée et des infrastructures routières omniprésentes.
  • Le secteur résidentiel et tertiaire, notamment dans les pays au climat tempéré ou froid où le chauffage représente une part importante de la consommation énergétique.
  • Les émissions indirectes, liées à l’importation de biens manufacturés en provenance de pays à bas coût, ce qui “externalise” une partie des émissions.

À l’inverse, dans les pays émergents comme l’Inde, l’Indonésie ou le Brésil :

  • C’est l’industrie (notamment la construction, la sidérurgie, la chimie) et la production d’énergie qui dominent, en raison de la forte croissance économique et de la demande en infrastructures.
  • L’agriculture reste un secteur majeur d’émissions, tant pour les besoins locaux que pour l’exportation, comme au Brésil ou en Argentine.
  • Les déforestations liées à l’expansion agricole (soja, élevage, huile de palme) sont également une source massive d’émissions.

Dans les pays les moins développés, notamment en Afrique subsaharienne :

  • Les émissions totales sont faibles, mais l’agriculture représente souvent la majorité des émissions, principalement à travers l’élevage, l’utilisation de la biomasse comme source d’énergie, et la déforestation.
  • Le transport est encore peu motorisé, et l’industrie reste faible.
  • Ces pays sont néanmoins parmi les plus vulnérables aux impacts du changement climatique, malgré leur faible responsabilité historique.

Chine, États-Unis, Europe : trois trajectoires différentes

  • La Chine est aujourd’hui le plus grand émetteur mondial, avec une part élevée de ses émissions issues du charbon utilisé dans la production d’électricité et l’industrie lourde. Toutefois, elle investit massivement dans les renouvelables et l’électrification.
  • Les États-Unis se distinguent par un poids très élevé du transport routier dans leurs émissions. Les efforts se concentrent sur l’électrification, mais les infrastructures dépendantes du pétrole restent un frein majeur.
  • L’Union européenne affiche un profil plus équilibré, avec des efforts notables dans l’amélioration de l’efficacité énergétique, la décarbonation du mix électrique et la réglementation des émissions industrielles. Néanmoins, elle reste un importateur net d’émissions via ses échanges commerciaux.

Adapter les politiques aux réalités locales

Cette diversité régionale implique que les solutions universelles ne peuvent s’appliquer partout de la même manière. Un plan de transition énergétique ne sera pas identique en Allemagne, en Afrique du Sud ou en Inde. L’enjeu est de développer des feuilles de route climatiques différenciées, intégrant à la fois :

  • Les spécificités économiques et sociales,
  • Les ressources naturelles disponibles (soleil, vent, biomasse…),
  • Et le niveau de développement technologique.

Cette approche différenciée est également au cœur du principe de “responsabilités communes mais différenciées”, inscrit dans l’Accord de Paris, qui reconnaît que tous les pays doivent agir, mais selon leurs capacités et responsabilités respectives.

Quels objectifs pour 2030/2050 pour les émissions ges monde par secteur ?

Pour respecter l’Accord de Paris et limiter le réchauffement climatique à +1,5 °C ou +2 °C, les émissions mondiales de gaz à effet de serre doivent être réduites de moitié d’ici 2030 et atteindre la neutralité carbone autour de 2050. Cela implique une transformation profonde de tous les secteurs d’activité. Chaque secteur doit suivre une trajectoire spécifique, tenant compte de son niveau d’émissions, de son potentiel de réduction, mais aussi de sa maturité technologique.

Secteur de l’énergie : vers un abandon rapide des fossiles

  • Objectif 2030 : Réduction drastique des émissions en fermant les centrales à charbon les plus polluantes, augmentation de la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique (objectif de 60 à 70 % selon les pays).
  • Objectif 2050 : Un système énergétique quasi intégralement décarboné, avec un recours massif à l’électricité verte, à l’hydrogène propre et à des réseaux intelligents.

Transport : une électrification rapide et des changements d’usage

  • Objectif 2030 : Atteindre au moins 30 % de véhicules électriques dans les ventes mondiales, réduire l’usage individuel de la voiture, améliorer l’efficacité énergétique des transports.
  • Objectif 2050 : Un parc automobile mondial zéro émission, des transports en commun alimentés par des sources renouvelables, et un secteur aérien et maritime décarboné grâce aux carburants durables.

Industrie : décarboner les processus lourds

  • Objectif 2030 : Réduire les émissions de 20 à 35 %, grâce à une meilleure efficacité énergétique, à la substitution du charbon et à l’émergence des premiers démonstrateurs industriels bas carbone.
  • Objectif 2050 : Une industrie zéro émission nette, s’appuyant sur des technologies comme le captage et stockage du carbone (CSC), l’usage d’hydrogène vert dans la sidérurgie, et l’économie circulaire à grande échelle.

Agriculture et alimentation : changer de pratiques et de régimes

  • Objectif 2030 : Réduire les émissions agricoles de 20 %, via l’agroécologie, une moindre utilisation des engrais azotés, une meilleure gestion des élevages et une réduction du gaspillage alimentaire.
  • Objectif 2050 : Des systèmes alimentaires résilients et faibles en carbone, combinant agriculture régénérative, stockage du carbone dans les sols, et transition vers une alimentation plus végétale à l’échelle mondiale.

Bâtiments : efficacité énergétique et construction bas carbone

  • Objectif 2030 : Rénovation énergétique massive des bâtiments existants (environ 2 à 3 % du parc par an), interdiction progressive des chaudières fossiles dans les constructions neuves.
  • Objectif 2050 : Un parc immobilier zéro émission nette, où tous les bâtiments sont performants, alimentés par des énergies renouvelables, construits avec des matériaux bas carbone et intégrés dans des villes durables.

Autres secteurs : numérique, forêts, déchets

  • Numérique : Optimisation énergétique des data centers, développement de l’écoconception numérique, réduction de la consommation superflue d’énergie (objectif : stabiliser les émissions dès 2030).
  • Forêts : Zéro déforestation nette d’ici 2030, restauration de millions d’hectares dégradés, reconnaissance des forêts comme puits de carbone essentiels d’ici 2050.
  • Déchets : Réduction drastique de la mise en décharge, généralisation du tri, du recyclage et de la valorisation organique des biodéchets.

Le rôle des entreprises et des citoyens pour les émissions GES monde par secteur

Atteindre les objectifs climatiques ne dépend pas uniquement des gouvernements ou des grandes institutions internationales. Les entreprises et les citoyens ont un rôle à jouer dans la transition vers une économie bas carbone. Leur implication peut accélérer les changements structurels nécessaires dans tous les secteurs émetteurs.

Les entreprises : de la contrainte réglementaire à l’opportunité stratégique

Les entreprises, tous secteurs confondus, sont à la fois sources d’émissions et actrices clés de la transformation. De plus en plus, elles sont appelées à mesurer, réduire et compenser leur empreinte carbone, via plusieurs outils :

  • Le Bilan Carbone ou les méthodes de comptabilité carbone (GHG Protocol, ISO 14064) permettent de quantifier les émissions directes et indirectes (scopes 1, 2 et 3).
  • Des initiatives comme la Science Based Targets initiative (SBTi) aident les entreprises à fixer des objectifs alignés avec l’Accord de Paris.
  • Le reporting extra-financier devient obligatoire dans l’Union européenne avec la CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive), exigeant transparence et actions mesurables.

Mais au-delà des obligations, de nombreuses entreprises voient dans la transition écologique une opportunité d’innovation, de réduction des coûts et de différenciation concurrentielle. Réduire les consommations d’énergie, repenser la chaîne logistique, éco-concevoir les produits, former les salariés : autant de leviers qui participent à la transformation durable de l’activité.

Des outils comme D-Carbonize permettent de structurer cette démarche en facilitant la collecte de données, le calcul des émissions et la mise en place de plans d’action ciblés par secteur.

Les citoyens : des choix quotidiens à fort impact

Côté citoyen, les actions individuelles, bien que parfois perçues comme symboliques, peuvent avoir un impact significatif lorsqu’elles sont adoptées à grande échelle. Chacun peut agir sur les postes d’émissions les plus courants :

  • Mobilité : privilégier la marche, le vélo, les transports en commun ou le covoiturage ; opter pour un véhicule électrique si besoin.
  • Énergie domestique : améliorer l’isolation de son logement, régler le chauffage, passer à un fournisseur d’électricité verte.
  • Alimentation : réduire sa consommation de viande rouge, favoriser les produits locaux et de saison, éviter le gaspillage.
  • Consommation : limiter les achats inutiles, allonger la durée de vie des produits, acheter d’occasion, trier et recycler ses déchets.
  • Numérique : nettoyer ses e-mails, limiter le streaming HD inutile, éteindre ses appareils, allonger la durée de vie de ses équipements.

Une transition collective

La transition bas carbone ne peut réussir que si entreprises et citoyens travaillent ensemble, chacun à son échelle. Les entreprises créent l’offre et les individus envoient des signaux forts par leur demande. Les collectivités, quant à elles, jouent un rôle de médiateur en facilitant les infrastructures, les aides et la régulation.

En favorisant des démarches collaboratives et en soutenant les innovations vertes, il devient possible de transformer chaque secteur de l’économie vers un modèle plus sobre, plus résilient et compatible avec les limites planétaires.

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