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Paris, 2015. Les états du monde entier se réunissent à l’occasion de la COP21. Pour la première fois, nous assistions à une coopération mondiale pour faire face au réchauffement climatique, qui donnera ensuite naissance aux Accords de Paris. Deux objectifs majeurs y sont établis : une réduction de moitié des émissions de gaz à effet de serre (GES) d’ici à 2030, et l’atteinte d’une neutralité carbone pour 2050. 

La neutralité carbone : un objectif ambitieux 

Atteindre la neutralité carbone signifie qu’une entité (organisationnelle, étatique, etc.), émet autant d’émission de GES qu’elle n’en absorbe grâce à des mécanismes de captation de ces gaz. Ceci n’est pas synonyme de zéro émission, mais plutôt d’un équilibre entre les émissions et leur séquestration. En Europe, la neutralité carbone est un objectif central de nombreuses politiques climatiques, notamment dans le cadre du Pacte vert européen. Naturellement, certaines entreprises se sont alignées sur ces objectifs dans le cadre de leur stratégie ESG (environnementale, sociale et de gouvernance), démontrant ainsi leur engagement dans la lutte contre le réchauffement climatique. 

Le principal enjeu de la neutralité carbone est, bien évidemment, la lutte contre le changement climatique. Au naturel, notre Terre maintient une forme d’équilibre dynamique dans lequel feux de forêts et éruptions volcaniques relâchent de grandes quantités de GES, ensuite captées et séquestrées notamment par les océans et les arbres. C’est un ensemble de réactions chimiques qui transforme, décompose, et absorbe les molécules qui composent ces gaz.  

Seulement, au moment de son industrialisation, l’Humanité a commencé à employer des énergies fossiles telles que le charbon, le pétrole et le gaz naturel. L’utilisation de plus en plus intensive de ces énergies a littéralement extrait des quantités titanesques de carbone du sol pour les laisser s’échapper dans l’atmosphère.  

Du fait de ce développement mondial massif, la concentration de GES dans l’atmosphère a grimpé en flèche, amplifiant l’effet de « serre » dont ces gaz portent le nom et réchauffant ainsi notre planète. La température moyenne autour du globe a déjà augmenté de 1,2°C depuis notre industrialisation. Pour limiter ce réchauffement est espérer pourquoi pas un jour revenir à la température naturelle de notre Ère, il est primordial de réduire notre consommation d’énergies fossiles et d’en développer de nouvelles, moins émissives. 

Or, les énergies fossiles supportent aujourd’hui une immense partie des activités de notre société, qu’elles soient de nature industrielle ou individuelle. Remplacer ces énergies représente donc un défi colossal, mais pas insurmontable. Afin d’atteindre cet objectif, une coopération internationale, mettant en place des politiques climatiques qui transcendent les frontières nationales, est essentielle. La politique intérieure de chaque pays joue également un rôle crucial dans la réduction drastique des émissions de GES et le renforcement des puits naturels de carbone (e.g., les arbres). 

Bien évidemment, la transition vers la neutralité carbone nécessite des investissements massifs dans les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique. Bien que ceux-ci puissent stimuler l’innovation et la croissance économique, ils représentent également un défi pour les industries dépendantes des énergies fossiles. Certaines devront aller aussi loin que de réimaginer leur fonctionnement et leur modèle d’affaire. 

La compensation carbone, enjeu de temporalité 

La compensation carbone est une stratégie qui consiste à compenser les émissions de gaz à effet de serre (GES), souvent inévitables, par le financement de projets qui réduisent ou captent une quantité équivalente de ces gaz ailleurs. Les projets de séquestration carbone, aussi appelés « puits de carbone », peuvent être naturels comme des arbres (qui captent du CO2), ou bien artificiels (technologiques) comme les processus de capture, stockage et utilisation de carbone. Ces derniers sont, grossièrement, des aspirateurs munis de filtres et placés aux sorties des cheminées d’usine pour bloquer les molécules de carbone lors de l’échappement de gaz. Il en ressort, pour certains systèmes, un condensé de carbone solide que l’on peut ensuite utiliser comme matière première ou stocker. 

Il est crucial de distinguer la compensation carbone de la réduction des émissions de GES. La réduction fait référence aux actions directes des entreprises visant à diminuer leurs émissions de gaz à effet de serre. La compensation en revanche, n’agit pas directement sur les émissions propres de l’entité, mais finance des activités extérieures à l’entité qui les neutralisent. Bien que complémentaires, ces deux démarches sont différentes.  

La compensation vise quant à elle à soutenir des projets qui captent des émissions qui ne sont pas nécessairement celles de l’entreprise. Ces projets peuvent être très éloignés géographiquement de l’entreprise. Par exemple, une entreprise peut financer la préservation d’une forêt de la déforestation, ou bien en replanter une nouvelle afin de créer un puit de carbone naturel. Cette dernière solution pose un problème important, qui est que les arbres n’absorbent la quantité de CO2 souhaitée qu’après un certain stade de leur croissance alors que les entreprises émettent ces émissions immédiatement. Cette différence de temporalité des émissions et leur captation constitue un premier point de critique de la compensation. 

Un autre enjeu majeur est de garantir l’intégrité et l’efficacité des projets de compensation. Il est crucial que ces projets produisent les réductions d’émissions annoncées et contribuent réellement à la lutte contre le changement climatique. La transparence, la vérifiabilité et la durabilité des projets sont essentiels. Si l’on prend l’exemple d’une forêt préservée pour qu’elle continue de grandir et de capter le carbone, il faut s’assurer qu’elle ne soit jamais abattue ni brûlée. Cette vérification s’étend sur plusieurs années, décennies, voire sur une durée indéfinie. Mais qui peut garantir qu’un changement de réglementation ou de contexte politique ne vienne contrevenir à cela dans 30 ans ? Qui peut s’assurer que demain, aucun éclair ne provoque de feu sauvage dans cette forêt, d’autant plus dans un monde qui se réchauffe à un rythme effréné ? 

Quant aux processus de captation plus technologiques (les « aspirateurs-filtres »), il faut s’assurer que leur production et leur alimentation en énergie n’émettent pas plus d’émissions que celles captées. Encore en phase de développement, ces solutions de compensation présentent des perspectives prometteuses mais doivent être considérées comme une solution parmi d’autres du fait de leur cout, leur faible rendement, et le long délai d’industrialisation.  

Enfin, un enjeu non négligeable est de prévenir l’effet d’aubaine, où des organisations pourraient se reposer uniquement sur la compensation sans faire d’efforts significatifs pour réduire leurs propres émissions. C’est dans cette optique que les lois empêchant d’empreinte cette voie facile commencent à voir le jour.  

La réduction directe comme leitmotiv de D-Carbonize 

Le terrain glissant du « greenwashing » se présente lorsqu’une organisation crée un décalage entre sa communication et ses actions pour l’environnement. Dans le contexte de la neutralité carbone, cela peut prendre la forme d’affirmations trompeuses, telles qu’un bilan carbone neutre, sans que les efforts nécessaires pour y parvenir ne soient réellement entrepris. Ce phénomène peut notamment se produire lorsqu’une entreprise qui « réduit » intégralement ses émissions de GES le fait par le financement de projet de compensation, sans s’attaquer aux émissions qu’elle émet elle-même. 

C’est pour cette raison que dans nos projets d’accompagnement, nous encourageons toujours nos clients à réduire les émissions directement liées à leurs activités. Pour cela, nous mobilisons les employés de tous rangs de l’entreprise au travers d’ateliers d’idéation, pour qu’ils réfléchissent ensemble à ces problématiques. Quant à la neutralité, nous essayons de faire comprendre à nos clients qu’avoir des objectifs ambitieux est motivant, mais qu’il faut être réaliste vis-à-vis de ce qui est réellement atteignable. 

En effet, lorsque nous modélisons la stratégie carbone de nos clients, nous remarquons que la somme de leurs solutions de réductions n’atteint en moyenne qu’une réduction de 15% sur le bilan total. Les émissions qui restent à réduire sont souvent liées à leurs business models (souvent leurs produits et leur production). Par conséquent, l’issue d’une mission bilan carbone ne constitue que le point de départ d’une longue route, et celle-ci commence par une prise de conscience. Celle de comprendre que réduire les émissions d’une entreprise, d’un état ou d’une société, demande un travail de fond qui ne peut être ni bâclé ni simplifié par des projets de compensation. 

Comme l’ADEMED-Carbonize se positionne contre l’utilisation abusive du concept de neutralité carbone dans les communications des entreprises et conçoit la neutralité carbone comme un processus d’amélioration continue plutôt qu’un objectif statique à atteindre. Ainsi, les entreprises ne devraient pas revendiquer leur neutralité carbone comme un argument marketing, mais plutôt comme le résultat d’un engagement profond et d’actions concrètes en faveur de la réduction des émissions de gaz à effet de serre.  

De par la nature de notre métier, notre position est centrée sur la réduction directe de carbone, mais nous ne négligeons pas certains bénéfices des projets de compensation. Leurs bienfaits sur la biodiversité, les autres polluants de l’air, de l’eau, de la terre, et les impacts sociaux sont des exemples parmi beaucoup d’autres qui peuvent motiver des entreprises à investir dans de tels projets. Ces projets prennent pleinement leur sens lorsqu’intégrés dans une stratégie Environnementale, Sociale et Gouvernementale (ESG) cohérente. Gardons à l’esprit que le carbone est un critère majeur dans le réchauffement climatique, mais il n’est pas le seul. 

D-Carbonize 

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