Comptabilité carbone : qu'est-ce que c'est ? Guide complet
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mars 14, 2025
Résumé
La comptabilité carbone mesure les émissions de gaz à effet de serre générées par une entreprise. Elle permet de suivre et réduire l'empreinte carbone liée à ses activités. Ce guide complet explique les étapes et les avantages de cette démarche pour les entreprises.
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Qu’est-ce que la comptabilité carbone ?
Définition de la comptabilité carbone
La comptabilité carbone est une méthode de calcul qui permet de mesurer, suivre et gérer les émissions de gaz à effet de serre (GES) d’une organisation. Elle consiste à évaluer les émissions directes et indirectes liées aux activités d’une entreprise, comme la consommation d’énergie, les déplacements ou la chaîne d’approvisionnement.
Qui doit faire son Bilan Carbone ?
La réalisation d’un Bilan Carbone concerne un large éventail d’organisations :
- Les grandes entreprises de plus de 500 salariés en France y sont soumises par la loi depuis 2012 et doivent renouveler cette évaluation tous les quatre ans.
- Les entreprises de taille intermédiaire et les PME, bien que non obligées, peuvent réaliser un bilan carbone afin d’anticiper les évolutions réglementaires, de réduire leurs coûts et d’améliorer leur image auprès des consommateurs et investisseurs.
- Les collectivités et administrations publiques doivent également évaluer leurs émissions pour respecter leurs engagements environnementaux et favoriser la transition écologique.
- Enfin, de nombreuses startups et entreprises engagées choisissent volontairement de réaliser un Bilan Carbone afin de se démarquer sur le marché et d’attirer des partenaires soucieux de développement durable.
Différence entre comptabilité financière et comptabilité carbone
La comptabilité financière se concentre sur la gestion des flux monétaires d’une entreprise, en enregistrant ses revenus, ses dépenses et ses actifs. Elle fournit une image claire de la santé financière d’une organisation et sert à prendre des décisions économiques.
La comptabilité carbone, en revanche, mesure les émissions de gaz à effet de serre (GES) générées par les activités de l’entreprise. Alors que la comptabilité financière évalue la performance économique, la comptabilité carbone évalue l’impact environnemental. Ensemble, elles permettent une gestion complète d’une organisation, avec une vision économique et écologique.
Quels sont les noms des 3 principaux standards de comptabilité carbone ?
La comptabilité carbone repose sur trois standards internationaux reconnus, qui servent de cadre pour mesurer et gérer les émissions de gaz à effet de serre.
Le GHG Protocol (Greenhouse Gas Protocol) est le référentiel le plus utilisé au niveau mondial. Créé par le World Resources Institute (WRI) et le World Business Council for Sustainable Development (WBCSD), il définit une méthodologie standardisée pour quantifier les émissions et les classer en trois catégories : Scope 1 (émissions directes), Scope 2 (émissions indirectes liées à l’énergie) et Scope 3 (autres émissions indirectes). Il est largement utilisé par les entreprises, les gouvernements et les ONG.
La norme ISO 14064 propose un cadre international pour la mesure, la surveillance et la vérification des émissions de GES. Elle est utilisée pour établir des rapports environnementaux fiables et s’aligne sur les exigences des marchés financiers et réglementaires.
Le Bilan Carbone, développé par l’ADEME en France, est une méthode spécifique qui aide les entreprises et collectivités à évaluer leur impact carbone et à identifier des pistes de réduction. Il est particulièrement adapté aux réglementations et besoins français.
Législation et obligations réglementaires
La comptabilité carbone est de plus en plus encadrée par des réglementations internationales et nationales visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre. Plusieurs pays imposent désormais la réalisation d’un Bilan Carbone obligatoire, notamment pour les grandes entreprises et les institutions publiques.
En France, les entreprises de plus de 500 salariés (250 pour les territoires d’outre-mer) doivent effectuer un bilan de leurs émissions tous les quatre ans, conformément à l’article L229-25 du Code de l’environnement. Le décret tertiaire impose également aux acteurs du secteur tertiaire de réduire progressivement leur consommation énergétique.
À l’échelle européenne, la CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive), entrée en vigueur en 2024, oblige progressivement les grandes entreprises et certaines PME à publier un reporting extra-financier détaillant leurs émissions de CO₂.
Au niveau international, de nombreux pays comme le Royaume-Uni, le Canada, et certaines régions des États-Unis et d’Australie imposent un reporting carbone aux entreprises cotées en bourse. La réglementation tend à se durcir pour aligner les engagements climatiques avec l’Accord de Paris et la neutralité carbone à horizon 2050.
Quels sont les objectifs de cette comptabilité ?
Cette comptabilité a plusieurs objectifs :
Mesurer les émissions de gaz à effet de serre (GES)
L’objectif principal est de quantifier avec précision les émissions directes et indirectes liées aux activités d’une organisation. Cette mesure repose sur des méthodologies standardisées, comme le GHG Protocol ou la norme ISO 14064, et couvre l’ensemble des émissions classées en Scope 1, 2 et 3. Une évaluation précise permet d’identifier les postes les plus émetteurs et d’adopter des actions ciblées.
Réduire les émissions et améliorer l’efficacité énergétique
Une fois les sources d’émissions identifiées, l’entreprise peut mettre en place des stratégies de réduction adaptées : amélioration de l’efficacité énergétique, passage aux énergies renouvelables, optimisation des processus industriels et des chaînes logistiques, ou encore sensibilisation des employés à des pratiques plus durables. Réduire les émissions permet aussi d’abaisser les coûts opérationnels et d’anticiper l’évolution des prix du carbone.
Contribuer aux engagements climatiques et aux réglementations
Avec des accords internationaux comme l’Accord de Paris, les entreprises sont de plus en plus sollicitées pour contribuer aux objectifs de réduction des émissions à l’échelle nationale et mondiale. En respectant les régulations locales et européennes, elles évitent des sanctions et démontrent leur engagement envers la transition écologique.
Accroître la transparence et renforcer la communication
La gestion carbone encourage une communication claire et transparente auprès des parties prenantes, notamment les investisseurs, les clients et les collaborateurs. Un reporting détaillé et certifié permet de valoriser les efforts réalisés et d’améliorer la perception de l’entreprise. De plus, avec la montée des exigences en matière de reporting extra-financier, les entreprises doivent prouver leur engagement à travers des bilans carbone crédibles.
Optimiser la performance durable et l’attractivité des entreprises
Intégrer cette pratique dans la stratégie globale d’une entreprise lui permet de se positionner comme un acteur engagé dans la transition énergétique. Cela améliore son image de marque, attire des investisseurs responsables, et peut même créer un avantage concurrentiel sur le marché. De plus, certaines grandes entreprises privilégient des fournisseurs ayant une stratégie carbone claire, incitant ainsi l’ensemble de la chaîne de valeur à adopter des pratiques plus durables.
Les différentes étapes
Cette comptabilité suit plusieurs étapes clés qui permettent de mesurer, d’analyser et de réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) d’une organisation. Ce processus structuré permet aux entreprises de mieux comprendre leur empreinte carbone et de mettre en place des stratégies efficaces et adaptées pour la réduire.
1. Définition du périmètre et des objectifs
Avant toute mesure, il est essentiel de définir le périmètre de l’évaluation des émissions de GES. Ce périmètre peut inclure :
- Les émissions directes (Scope 1) : celles générées par les activités sous le contrôle direct de l’entreprise, comme la combustion de carburants dans les véhicules de fonction ou les installations industrielles.
- Les émissions indirectes liées à l’énergie (Scope 2) : celles résultant de la consommation d’électricité, de chauffage ou de refroidissement, mais produites par un fournisseur externe.
- Les autres émissions indirectes (Scope 3) : celles issues de la chaîne d’approvisionnement, du transport des marchandises, des déplacements des employés ou encore du cycle de vie des produits vendus.
Définir un périmètre précis permet d’avoir une vision claire et d’adapter la méthodologie de calcul aux réalités de chaque entreprise.
2. Collecte des données sur les émissions
La collecte de données est une étape cruciale qui repose sur l’identification des différentes sources d’émissions. Elle peut inclure :
- La consommation énergétique des bâtiments et des infrastructures (gaz, électricité, fioul, etc.).
- L’utilisation des transports (flotte de véhicules, déplacements professionnels en avion ou train, logistique).
- Les processus industriels et les matières premières utilisées.
- Les déchets produits et leur traitement.
- Les émissions générées par les fournisseurs et sous-traitants.
Cette collecte de données peut être complexe, notamment pour les émissions indirectes (Scope 3), qui nécessitent souvent des informations provenant de partenaires externes. Pour faciliter ce processus, de nombreux outils et logiciels spécialisés, comme D-Carbonize, permettent d’automatiser la saisie et l’analyse des données.
3. Calcul des émissions de GES
Une fois les données collectées, elles sont transformées en équivalent CO₂ à l’aide de facteurs d’émission issus de référentiels internationaux comme le GHG Protocol ou la norme ISO 14064. Ces méthodologies garantissent la fiabilité et la comparabilité des résultats obtenus.
Les entreprises peuvent choisir entre deux approches principales :
- L’approche par facteur d’émission, qui consiste à multiplier la quantité consommée (kWh, litres de carburant, tonnes de matières premières) par un facteur d’émission correspondant.
- L’approche par bilan matière, qui permet de calculer les émissions en analysant les entrées et sorties des flux de production.
4. Analyse des résultats et identification des leviers d’action
Après le calcul des émissions, une analyse approfondie doit être réalisée pour identifier les principales sources d’émissions et définir des leviers de réduction. Cette analyse peut révéler des postes particulièrement émetteurs, comme la consommation énergétique des bâtiments ou l’impact carbone du transport et de la logistique.
L’entreprise peut alors élaborer un plan d’action incluant différentes mesures :
- Optimisation de l’efficacité énergétique : amélioration de l’isolation, installation d’équipements plus performants, passage aux énergies renouvelables.
- Réduction de l’empreinte logistique : mutualisation des livraisons, recours à des modes de transport bas-carbone.
- Sensibilisation et engagement des collaborateurs : adoption de bonnes pratiques pour limiter les déplacements inutiles, favoriser le télétravail.
- Éco-conception des produits et services : utilisation de matériaux durables, limitation des déchets et de l’obsolescence programmée.
5. Suivi et amélioration continue
La comptabilité carbone est un processus continu. Une fois les premières actions mises en place, les organisations doivent suivre régulièrement les progrès réalisés. Pour cela, les entreprises peuvent mettre en place des indicateurs de performance et actualiser leurs données de manière périodique (annuellement ou semestriellement).
L’élaboration d’un rapport carbone permet de communiquer en toute transparence sur les émissions et les efforts réalisés. Ces rapports peuvent être utilisés pour :
- Répondre aux obligations réglementaires.
- Informer les parties prenantes (clients, investisseurs, collaborateurs).
- Ajuster les stratégies de réduction en fonction des évolutions du marché et des nouvelles technologies.
Certaines entreprises choisissent également de compenser leurs émissions résiduelles via des projets de reforestation, d’énergies renouvelables ou d’efficacité énergétique, contribuant ainsi à la transition vers une économie bas-carbone.
Quels sont les avantages de la comptabilité carbone pour les entreprises ?
Elle offre plusieurs avantages stratégiques pour les entreprises :
Réduction des coûts : En identifiant les sources d’émissions, les entreprises peuvent améliorer leur efficacité énergétique et réduire leurs dépenses liées à l’énergie et aux matières premières.
Conformité réglementaire : Elle aide à respecter les législations environnementales et les objectifs climatiques nationaux et internationaux.
Amélioration de l’image de marque : Les entreprises engagées dans la réduction de leur empreinte carbone bénéficient d’une meilleure réputation auprès des consommateurs et des investisseurs.
Attractivité pour les investisseurs : De plus en plus d’investisseurs recherchent des entreprises responsables, ce qui peut faciliter l’accès à des capitaux.
Anticipation des risques futurs : En mesurant et en réduisant les émissions, les entreprises se préparent aux futures régulations et aux pressions du marché en matière de durabilité.
Les inconvénients de la gestion carbone
Bien qu’elle offre de nombreux avantages aux organisations, elle comporte également certaines limites et défis pour les entreprises :
- Complexité de mise en place : Le calcul des émissions nécessite une collecte de données rigoureuse et l’utilisation de méthodologies spécifiques, ce qui peut être chronophage et nécessiter des compétences spécialisées.
- Coût initial élevé : L’adoption d’outils de mesure et l’accompagnement par des experts peuvent représenter un investissement financier important, notamment pour les petites entreprises.
- Données parfois incomplètes : L’accès aux informations nécessaires peut être limité, notamment pour les émissions indirectes (Scope 3), ce qui peut amener à une évaluation parfois imprécise.
- Risque de greenwashing : Certaines entreprises utilisent la comptabilité carbone à des fins marketing sans réelle volonté de réduction, ce qui peut nuire à la crédibilité de la démarche.
Malgré ces inconvénients, une approche structurée et l’utilisation d’outils adaptés permettent d’optimiser la gestion du carbone et de maximiser les bénéfices environnementaux et économiques.
Comment mettre en place la gestion carbone dans votre entreprise ?
La mise en place de la gestion carbone dans une entreprise commence par une évaluation des émissions directes et indirectes liées à ses activités. Il est essentiel de définir un périmètre clair, englobant les sources d’émissions internes et externes. Une fois ce périmètre établi et les différents Scopes définis, l’entreprise peut collecter les données nécessaires.
Le calcul des émissions repose sur des méthodologies reconnues, comme le GHG Protocol, qui fournissent des directives précises pour mesurer et analyser l’empreinte carbone. De plus, il est recommandé d’utiliser des outils spécifiques comme le logiciel D-Carbonize, qui simplifie la gestion des données et les calculs d’émissions. Ce type de logiciel permet également d’identifier des actions concrètes pour réduire l’empreinte carbone.
Après l’évaluation, il est crucial de définir des objectifs de réduction clairs, puis de mettre en place des actions ciblées, comme l’amélioration de l’efficacité énergétique ou l’intégration des énergies renouvelables. Enfin, un suivi régulier et des rapports transparents permettent de mesurer les progrès et d’ajuster les stratégies en conséquence.
Gestion carbone : quelles évolutions attendre ?
Face aux objectifs climatiques ambitieux fixés par l’Accord de Paris, les gouvernements durcissent progressivement leurs exigences en matière de reporting carbone. L’Union européenne renforce la transparence avec la CSRD, qui oblige un plus grand nombre d’entreprises à publier leurs émissions de GES. À l’international, des initiatives comme la SEC Climate Disclosure Rule aux États-Unis imposent aux sociétés cotées de déclarer leurs émissions et leurs stratégies de réduction.
De plus, les innovations dans les énergies renouvelables, l’hydrogène vert et le captage du carbone permettent aux entreprises de réduire leurs émissions plus efficacement. L’intégration de ces solutions dans la comptabilité carbone devient un levier stratégique pour atteindre la neutralité carbone.
Enfin, les innovations technologiques comme le big data révolutionnent la gestion carbone en automatisant la collecte et l’analyse des données. Ces outils permettent un suivi en temps réel des émissions, facilitent l’identification des leviers d’action et améliorent la précision des bilans carbone.